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David Parent

Tatajuba : 2e partie

Tatajuba est littéralement un oasis dans le désert.



Les services sont très limités. Il y a deux micros épiceries pour tout le village. En fait, elles se qualifieraient à peine de dépanneurs au Québec.


Comme on n'a pas de voiture et que l'épicerie est à quelques kilomètres, on utilise le service de livraison, ce qui est quand même pratique! On envoie un message via What's App avec notre liste. Ce qu'ils ont en stock est livré. Pour le reste, meilleur chance la prochaine fois.


Google Translate nous aide à traduire le tout en portugais. Mais parfois, cela peut donner lieu à des traductions un peu douteuses. C'est ainsi que j'ai failli commander une bouteille de champagne au lieu d'une bouteille de shampoing!



C'est pas comme si prendre une douche de champagne ça ne se fait pas... mais ce n'étais pas vraiment ça le projet.


Comme notre buddy Marcondes a des contacts de pêcheurs locaux, il nous a apporté du poisson et des crevettes fraîchement pêchés à toutes les semaines. Ce sont d'ailleurs les meilleures crevettes qu'on a jamais mangées! Ça nécessite un peu de préparation, mais ça vaut vraiment la peine.


Pour ce qui est du poisson, j'ai fais de mon mieux pour l'arranger avec mon multi-tool puisque notre équipement de cuisine est vraiment de base. Les couteux ne coupent pas vraiment... comme dans la plupart des AirBnb...



Parlant de cuisine de base. Le village a aussi manqué d'électricité pendant une journée complète. Comme on avait rien pour se faire à manger qui fonctionne au gaz, on a déposé un chaudron sur une dalle d'ardoise, ce qui nous permis de faire bouillir de l'eau avec la chaleur du soleil... pour nos ramens. Ce festin était accompagné de biscuits blancs au beurre de peanut.


La dernière fois que j'ai mangé des ramens, c'était au secondaire quand c'était cool de les manger sec comme des chips...


Cette journée là, comme notre garde-manger était vide, Krystel a décidé qu'on irait pas kiter et qu'on allait prendre une journée relax... Il parait que je peux devenir grognon quand j'ai faim - comme le Schtroumpf Grognon.


Vraiment?


Grognon de même quand j'ai faim???


Moi je trouve que le Schtroumpf est pas si pire... :-)



Une chance qu'on avait de l'eau en grande quantité... parce que les biscuits au beurre de peanut, ça colle au palet en sa.... sale.


Tant qu'à moi, le plaisir gustatif de ce plat de subsistance se situe quelque part entre 1 et 2 sur 10. Plus proche de 1.


On était pas les seuls dans cette situation... Malgré la belle journée de vent, on a vu que 4-5 voiles sortir cette journée là.


Parlant de délice culinaire, je me suis découvert une passion pour les beans. On en a mangé plusieurs fois par semaine, presqu'à tous les jours.. en particulier au petit déjeuner.


Il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup d'options de protéines à l'épicerie alors c'est quand même une bonne solution et c'est sans danger pour les problèmes de digestion.


On a varié les plaisirs entre les preto (beans noir) et les branco (beans blanche). On a aussi essayé les brunes, mais ça ressemble trop à ce que nous trouvons au Québec. En plus, en grande quantité, dans l'assiette ce n'est pas tellement ragoutant... ça ressemble à ... euh ben... à quelque chose de pas le fun à manger.



Bon appétit à la maison!



Les restos


Ici, on a essayé 3 des 4 restos du coin. Ils ont tous des salles à manger en plein air, un critère non négociable pour nous depuis le début du voyage.


Au final, c'est au restaurant de Kiteworld où nous avons mangé le plus souvent. Leur salle à manger est bien au vent et leur poisson cuit sur le charbon est délicieux.



Si on a limité nos contacts sociaux au maximum depuis le début, on a quand même décidé d'aller à quelques BBQ hebdomadaire organisé par Kiteworld. Ça a fait parti de nos très rares socialisations des deux derniers mois et ça a quand même fait du bien.


Outre Kiteworld, on a aussi bien aimé la pizzeria de Raul, un argentin installé à Tatajuba . Raul a un un jardin d'arbres fruitiers très impressionnant. C'est au milieu de ce jardin que se trouve la salle à manger. Il nous a fait goûter à une demi-douzaine de fruits dont on ignorait complètement l'existence. L'ambiance y était chaleureuse et différente des autres endroits en plus de jouer du blues la plupart du temps.




Le dernier soir c'est là qu'on est allé souper. Raul a fait jouer une bonne séquence de Pink Floyd. Comme nous étions sur le point d'aller le voir pour payer, la chanson Shine on you Crazy Dimonds Parts I a commencé à jouer... C'est là que j'ai dit à Krystel qu'on pouvait pas partir maintenant. Quiconque connait Pink Floyd pour la peine va écouter cette chanson jusqu'au bout lorsqu'elle commence.


Comme on n'était pas vraiment attendu nul part, on a donc écouté la chanson pour les 13:30 minutes qu'elle dure et apprécié le moment en silence - ou presque. On était 3-4 à chantonner dans le restaurant alors que personne ne parlait.


Raul, qui doit avoir environ 55-60 ans, avait le regard plongé dans le vide. Il semblait nostalgique. Si Raul a une vie ici, il en a certainement laissé une autre derrière lui en Argentine. Il est facile d'imaginer que cette musique avait de quoi lui remémorer certains bons moments d'une époque longtemps révolue.


Les dangers de Tatajuba


Il s'avère que je ne suis pas le seul à s'être fait mal en avant du bar. Il y pratiquement des accidents quotidiennement à cet endroit. Plusieurs voyages de kite se terminent où le mien a failli se terminer et certains de façon assez brutales avec des fractures.



Il y a plusieurs hauts-fonds et plusieurs endroits on moins de 30 cm d'eau... et cela varie en fonction des marées...


Si l'endroit est paradisiaque, les lagons sont souvent trop petits pour le nombre de voiles. Le mélange de débutants et de kiteurs qui ne font pas attention aux des autres est un très mauvais mélange.


Plusieurs riders expérimentés nous ont d'ailleurs dit qu'ils avaient rarement observés autant de collisions et d'accidents qu'à Tatajuba.


Même s'il y a deux écoles de kite, ce n'est pas un bon endroit pour venir apprendre.... du moins tant qu'une zone dédiée aux débutants ne sera pas délimitée. Le plan d'eau serait propice à l'apprentissage, mais il y a en général juste trop de monde.



Encore des vagues


Si les lagons situés directement à Tatajuba sont à éviter, les vagues sont vraiment recommandées.


Sans être parfaites elles sont quand même belles , en particulier 2 heures avant la marée haute et 2 heures après. Elles sont plus grosses et se ''déroulent'' mieux et plus longtemps.


Il y a des vagues décentes pratiquement tout le temps ce qui permet de sortir kiter quand on veut.


À marée basse elles sont plus petites, ce qui est parfait pour s'initier, d'autant plus que le vent et les vagues ramènent une planche perdue au bord en cas d'incident...


Il semble que plusieurs personnes considèrent les vagues comme étant dangereuses ou encore que de les surfer est trop difficile. D'autres n'aime juste pas ça. Ce qui fait qu'environ environ 90% des gens n'y vont pas.


Ça demande effectivement de comprendre les vagues, les déplacements d'eau et de gérer son timing pour virer de bord. D'ailleurs, on a réalisé que plusieurs personnes qui font des sauts ne maîtrisent pas vraiment leurs transitions... Wonder why il y en a qui sont dangereux.

C'est certain que la première fois que tu arrives face à une vague plus haute que toi qui est sur le point de casser, c'est impressionnant. Contrairement au ''vrai'' surf, tu peux pas passer en dessous. En théorie, tu dois passer par dessus ou la contourner.


Sauf si tu es assis dans l'eau. Alors tu finis inévitablement par passer en dessous et tu forces bien fort des orteils pour ne pas perdre ta planche.



Mais comme en eau vive, l'eau blanche est assez soft. Elle est plus impressionnante que violente. Cela vient du fait que c'est surtout de l'air.



Contrairement au surf, tu peux te déplacer beaucoup plus rapidement que les vagues, ce qui te permet d'aller en chercher plus pendant que tu es sur l'eau...



Comme on est encore des débutants qui débutent - mais qui 'y'ont du beat - même les petites vagues sont encore source de ''ben du plééziiir'' comme on dit dans notre nouveau chez nous... au lac!






Un peu de solo pour Krystel


Krystel n'a pas vraiment eu le choix de faire des sorties toute seule, vu le congé de kite pour mon doigt. Plusieurs sessions étant à marée basse, elle a du faire des marches de 300-400 mètres sur la plage seule avec son kite.



Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus agréable, mais ça l'a aidé à mieux maîtriser sa voile et lui a donné une petite coche de confiance. Quand tu es toute seule au large avec 400m de plage entre toi et les autres, tu peux te dire Je suis grand(e) maintenant!


Comme Krystel aime bien ne pas être trop près des autres, on est allé faire un petit tour au Lagoa Torta où elle a pu faire une belle session seule sur l'eau.


Pour ma part, c'était une belle façon de sortir de la maison.



En attendant que le vent se lève...




Et le vent fut!




Les gens de Tatajuba



Tout le monde ne se promène pas à cheval, mais lui c'est un bad ass. Il se problème pas de selle. Je suis pas un pro de la monture, mais tant qu'à moi: Respect Dude!


Il y a environ 200 personnes qui vivent à Tatajuba, et plusieurs n'ont pas vu de quoi le monde est fait à plus de 100km de là, du moins sans devoir passer par leur téléphone.


Les locaux avec qui on a interagit ici sont particulièrement gentils.


On a passé pas mal de temps à discuter avec Rafael, un des membres de l'équipe de Kiteworld. Il travail aussi à la Pizzeria de Raul, ce qui fait qu'on l'a rencontré dans différents contextes.



Le gars est super vaillant, low profile et méga serviable.


Une allemande rencontré au BBQ nous a dit qu'il voulait pratiquer son anglais. Je me suis donc pointé une journée de convalescence pour jaser avec lui. Il avait son téléphone et un vieux dictionnaire anglais-portugais.


Il aimerait bien voir autre chose que Tatajuba. Comme le Canada est sur sa liste, on va rester en contact avec lui. Je vais voir ce que je peux faire pour l'aider à venir au Canada.


On a aussi fait une session de drone avec lui. Il ventait tellement fort que le drone ne pouvait presque pas bouger et l'éclairage n'était pas top... mais il était quand même très content des images.



Si on a fait de très rares rencontres, une aura été plutôt particulière. On a sortit le drone pour faire une pratique, discuter d'angles de captation et de technique de déplacement. On a cherché un rider qui faisait des bords assez long....


Après avoir rangé le drone, on est allé voir la voile rouge et bleue pour voir si la personne était intéressée à avoir les images. Tant qu'à avoir filmé...!



Il s'avère que le rider, Manti, un gars de la Lituanie, se promène depuis 7 ans pour faire du kite quasiment en permanence. Il tente de développer un programme élite pour des jeunes en Lituanie.


En 2020, lorsqu'il était en République Dominicaine pour un événement de kite, la pandémie a frappé. C'est ainsi que lui et des dizaines de riders se sont retrouvés semi-coincés là. Pour plusieurs, la perspective de retourner s'enfermer dans un appartement dans leur pays d'origine n'était pas très attrayante. Pour d'autres, il n'y avait plus de vols. Ainsi ils sont restés confinés sur leur plage pendant 9 mois.


Après 7 ans sur la route en permanence, il nous disait qu'il n'avait presque plus d'amis et de contact avec sa famille. Les gens ont fini par l'oublier tranquillement. Pour reprendre ses mots ''This life is nice, but...''. Il n'a pas terminé sa phrase en haussant les épaules et en prenant une gorgée de bière.


Il y a toujours deux côtés à une médaille...


La fin


Lors de notre dernière journée, on a fait nos bagages avec un petit pincement au coeur tout en prenant la peine de saluer nos quelques nouveaux amis... Vu le temps passé à Tatajuba, on a eu le temps de commencer à tisser quelques liens et comme la plupart des gens passent 1-2 semaines, on commençaient à être des visiteurs plus que des touristes.


Quelques années après un voyage, on se souvient des endroits où on a vécu des expériences connectés avec de nouvelles personnes. À Tatajuba, on a vraiment eu le full package. De l'hôpital au BBQ en passant par les vagues et les quelques nouveaux amis. On s'en souviendra longtemps...


Tchau Tatajuba!





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1 commentaire


Ghislain Mayer
Ghislain Mayer
28 déc. 2021

Bravo à vous ! Mordez dans la vie, c'est important !

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